A l’initiative du groupe local de l’association France-Palestine Solidarité (AFPS), de la Confédération Paysanne et du Parti Communiste Français, Baker Hamad et Daoud Barghouti, oléiculteurs palestiniens, syndicalistes, membres du FPU (Union des Fermiers Palestiniens) et du Parti du Peuple Palestinien ont animé un débat dans la salle polyvalente de Boucieu le Roi Mercredi 14 Octobre.
Ils sont originaires des environs de Ramallah en Cisjordanie. Un oléiculteur de Gaza, invité lui aussi, n’a pu venir en France car, bien que détenteur d’un visa européen, il n’a pas obtenu des Israéliens le droit de sortir de Gaza.
Grâce aux talents d’interprète d’Omar Tourougui qui assurait une traduction arabe/français simultanée de grande qualité, les invités nous ont délivré un message édifiant sur le quotidien des agriculteurs palestiniens, sur la vie de la population palestinienne en général.
Un rapide rappel historique de Daoud Barghouti : Israël (le mouvement sioniste) et les Palestiniens sont dans une situation conflictuelle depuis plus d’un siècle. L’occupation des territoires palestiniens par l’armée israélienne est continue depuis 1967. Il nous a invité à comparer cette occupation avec celle que la France a connue durant la seconde guerre mondiale et avec l’apartheid sud-africain. Il nous a raconté le combat quotidien du peuple palestinien contre l’arbitraire de l’administration coloniale en l’absence d’application du droit international.
Près de 50% de la population palestinienne vit de l’agriculture. Baker Hamad a dressé le tableau de l’agriculture à Gaza après l’intervention militaire israélienne qui a débuté en fin d’année 2008. Les agriculteurs gazaouis produisent des fruits, des légumes, des fleurs coupées (de gros marchés vers l’Europe notamment). 1700 hectares de vergers et de champs ont été détruits, les serres sont en ruine. Les pêcheurs de Gaza subissent un blocus de la part d’Israël et n’ont plus le droit de pêcher qu’à 3 milles des côtes contre 6 milles ces dernières années et 20 milles avant les accords d’Oslo. Les produits qui sont quand même obtenus (légumes, poissons, etc…) subissent, comme les humains, le blocus total d’où une chute des prix.
Il a ensuite évoqué son vécu d’oléiculteur syndicaliste cisjordanien : le potager et l’élevage familiaux pour la subsistance quotidienne, le travail à la coopérative oléicole, le tout compliqué par la quasi-absence d’eau, la construction des murs, la présence permanente de l’armée israélienne, les implantations de colons qui se poursuivent. Israël interdit aux Palestiniens de forer de nouveaux puits, ceux qui servent encore datent de l’occupation britannique (donc antérieurs à 1948), les colonies prélèvent d’énormes quantités d’eau, leurs effluents sont rejetés sans traitements dans les rivières et polluent le peu d’eau disponible. Certains palestiniens ont creusé en cachette des puits à l’intérieur des maisons. Des villages entièrement encerclés par le mur et sans ressource en eau, sont ravitaillés clandestinement par citerne grâce à la solidarité d’autres villages pourtant guère mieux lotis.
Le débat s’est poursuivi sur la place de la Palestine dans le monde arabe.
Baker Hamad a appelé à la participation populaire internationale par le boycott des produits israéliens dans le cadre du BSD (Boycott/ Sanctions/ Désinvestissement) jusqu’à ce qu’Israël applique le droit international et les principes universels des droits de l’Homme.
La soirée s’est terminée autour d’un verre et d’un gâteau en échangeant des adresses mails.
Le voyage en France de ce groupe d’une vingtaine d’oléiculteurs au total s’est poursuivi par une semaine de formation dispensée par l’AFPS. Cette formation leur permettra d’atteindre une meilleure valorisation de l’huile d’olive : production d’une huile d’olive de grande qualité, établissement de liens avec des sociétés de commerce équitable, mise en œuvre d’une charte de qualité. Après le succès de la première livraison au printemps dernier, l’AFPS locale renouvellera la vente de cette huile équitable début Janvier 2010 sur notre canton notamment. Pour tout renseignement et commande, contacter Claude Terenzio à Lamastre.
D’autres détails sur le site www.france-palestine.org rubrique Huile d’olive : un programme de coopération décentralisée.
Emmanuelle & Olivier Bucaille octobre 2009