Philippe Ranc, exploitant sur la commune de Lamastre s’exprime en tant qu’agriculteur et citoyen sur la décision du conseil municipal de Lamastre.
Lors de la réunion du conseil municipal du 21 juin 2010, les élus Lamastrois ont voté à l’unanimité pour le retrait de la commune du PNR (Parc Naturel Régional des Monts d’Ardèche), sachant que le PNR a été crée en 2001 et que Lamastre est ville porte avec cinq autres communes.
La révision de la charte du PNR devrait être validée l’année prochaine et l’aire géographique, qui devrait d’ailleurs être étendue, fait partie des points à valider.
Certains aspects du PNR sont certes discutables mais tout de même ! Que des conseillers représentant le commerce, l’artisanat, le tourisme, l’environnement, ou même l’agriculture, puissent valider une délibération aussi irresponsable, j’en suis outré.
Prenons par exemple le secteur agricole. Sachant que le PNR encourage les démarches de valorisation des produits (AOC châtaigne, Fin gras du Mézenc…) je me dis que la marque « Parc » est un moyen de se différencier, de conquérir des consommateurs. Alors que la réglementation agricole devient très dure à appliquer pour des paysans qui sont en polyculture, et qu’il est de plus en plus difficile d’obtenir une juste rémunération de son travail, on ne peut qu’adhérer aux initiatives du PNR. Car celui-ci ne crée aucune contrainte particulière.
Pour moi le retrait du PNR c’est un peu comme il y a quelques années le changement de «Pays» (ces «Pays» servent à monter des projets afin d’obtenir des subventions régionales). Nous étions dans le Pays Ardèche Verte, et nous avons démissionné pour rejoindre le Pays du Grand Valence (VALDAC)… Nous avons quitté le Nord Ardèche, vallée du Doux comprise, de Tournon à St Agrève (70.000 habitants) pour nous noyer dans Valdac (plus de 210 000 habitants autour de Valence. L’incohérence géographique et économique saute aux yeux, mais pourquoi cet «exil» ? Parce qu’il y avait incompatibilité entre nos édiles et certains voisins… Situation devenue habituelle à Lamastre. Pourquoi aujourd’hui nous retirons-nous du PNR ? Parce que la connotation « écolo » du PNR gène certaines personnes.
Jusqu’à quand les Lamastrois feront confiance à nos élus sans même leurs poser quelques questions. Regardons autour de nous et je pense qu’il faudrait se réveiller parce qu’à force d’exclure des personnes ou structure avec qui nous avons quelques différents c’est la commune qui s’isole.
Le PNR apporte son aide aux projets qu’on lui soumet. Ainsi il participe à Desaignes à la réhabilitation des vignes, à l’étude paysagère pour l’implantation de la scierie Cros, à la foire à la Châtaigne, à une étude pour la création d’une chaufferie à bois déchiqueté desservant les bâtiments publics (école, mairie, salle des fêtes…), à la création de chemins thématiques, à la mise en valeur du patrimoine, à un projet d’exploitation de l’eau gazeuse…
Et Lamastre (qui en tant que ville porte a vote double ?). Demandez à M. Chosson qui est son délégué auprès du PNR, à combien de comités syndicaux (en général 4 réunions par an) il a siégé.
Pour info, la cotisation annuelle au PNR est d’environ 1,5 € par habitant , que nous continuerons à payer puisque article 5 des statuts prévoit que «les communes se retirant restent engagées à payer leur contribution au budget de fonctionnement jusqu’à extinction des emprunts contractés, et achèvement des actions engagées durant leur période d’adhésion».
Pour nous les habitants de Lamastre, une nouvelle fois nous serons exclus d’une initiative de mise en valeur de notre part d’Ardèche. Alors que vous soyez simple habitant, ou élu du secteur, sachez que celui qui ne dit rien valide cette décision.
Philippe Ranc