Non je n’ai pas la prétention de me comparer à l’auteur de cet ouvrage, d’ailleurs plus politique qu’artistique. Mais c’est spontanément le titre d’annonce qui m’est venu à l’esprit pour annoncer la magnifique expo photo que France Vianes- Brun présente actuellement à Lamastre dans la salle d’attente du cabinet médical au 1 rue Olivier de Serres.
Mais je laisse à Mme Brun présenter son vécu:
« Au-delà des masques » photos noir-blanc prises en 1991/92 – tirages sur papier Ilford argentique
Le carnaval de Venise offre chaque année, depuis des siècles, un spectacle particulier, unique dans son genre. Des milliers de spectateurs venus du monde entier se pressent autour d’acteurs occasionnels masqués et costumés, le tout dans une ambiance calme et parfois même un silence religieux qui n’est pas sans rappeler d’autres époques.
Drapés dans des tissus enrichis de broderies et de détails clinquants, masqués d’or et de couleurs, les acteurs sont admirés par un public assurément curieux et fin connaisseur. Figés dans des poses lascives, la gestuelle évocatrice, ces acteurs anonymes au déplacement lent, jouissent de ce pouvoir momentané, de l’illusion de toute puissance que leur accorde la fête.
Qui sont-ils, ces narcissiques d’un jour ou de quelques heures? Sont-ils uniquement en représentation où peut-être en pleine séance de thérapie collective dans ce grand jeu de rôles? Le regard perceptible à travers les masques livre parfois quelques informations sur le bénéfice recherché par l’objet en lequel l’acteur s’est transformé.
Lorsque l’œil du photographe insiste en pointant l’objectif, les meilleurs d’entre eux entrent en communication intime non verbale mais ô combien suggestive. Le photographe n’est pas seul, il est au milieu de nombreux amateurs, venus eux aussi vivre des sensations fortes. Il doit se faire une place, en faisant fi de la politesse, parfois manquant même de délicatesse. Pour parvenir à ses fins, Il a l’obligation de se fondre d’abord dans le groupe, puis de progresser lentement vers l’acteur avant de s’imposer à lui.
Car s’imposer tel est le maître mot pour établir le contact privilégié; lorsque le regard a envoyé le message de complicité, Il suffit alors de déclencher en rafales, véritable signal de l’intention sérieuse du photographe. Le rapport est bref, intense et terriblement satisfaisant.
France Brun