Soirée « les invisibles », le décryptage.
Après l’article précédent publié à chaud le lendemain de l’évènement histoire de marquer le coup il convient de faire un décryptage de cette soirée, qui constitue une première historique pour Lamastre sur un sujet d’actualité sensible porté par un enfant du pays « pur jus ».
Et d’abord en commençant par le titre de l’article précédent : « Lamastre touchée à son tour », touchée oui mais par qui par quoi ? Seules les personnes présentes à la soirée pouvaient saisir le sens un peu accrocheur de cette entête, cette formule reprenait la une de Paris Match du 17 aout 1979 qui avait fait un article sur la vague homo avec moultes photos non floutées intitulé « la France atteinte à son tour », cet aspect historique était relaté dans le film documentaire, d’où l’accroche.
Loin du commentaire enflammé et passionnel que JenJac Pabion Debaret a publié après le premier article on ne peut que saluer la réussite de cette la soirée au travers d’un partenariat réussi.
Partenariat entre l’association « Vallée de Cœur » de JenJac dont le but initial était l’implication dans l’évènementiel de notre territoire local ainsi que l’animation sportive et culturelle, les partenariats avec les institutions territoriales locales ayant disparu, l’assoc a évolué en 2013 vers la lutte contre les discriminations. JenJac , de part ses préférences sociétales établies dans la lumière, a tissé des liens avec une association de Saint Etienne : « Face à Face , ensemble contre l’homophobie » dont une des actions est la diffusion de l’actualité internationale du cinéma gay , ceci explique donc le choix du film « Les invisibles ».
Pour projeter un film il fallait le support technique de notre association locale de Cinéma , d’où l’implication d’Ecran Village dont l’esprit ouvert lui a fait valider de suite la proposition conjointe de Vallée de Cœur et de Face à Face.
Pour Face à Face c’était un peu une première de venir prêcher sa parole dans le « désert campagnard ardéchois », c’était aussi un challenge.
L’affiche programmée dès l’automne était très intéressante puisque le film a été primé aux Césars 2013 et surtout rendue encore plus attrayante par la présence de Sébastien Lifshitz et son intervention après la projection. Celui-ci a tenu une conférence très dépassionnée. Avec une partie technique sur les explications concernant la recherche des témoins lesbiennes et homosexuels qui ont traversé le 20 ième siècle. Et qui leurs 80 ans passés ou approchants ont accepté de témoigner de leurs joies, de leurs peines , de leur vie. Ils ont vécu leurs préférences sexuelles dans le climat de l’époque qui jusqu’en 79 classait l’homosexualité comme maladie répertoriée par l’OMS, et jusqu’en 1981 comme délit au sens pénal du droit français. Au total 80 témoins sur 2 ans de recherche, pour aboutir au montage à 10 puis 7 témoins « exploitables » par la qualité de leur discours, de leur parcours et leur photogénicité . Le film est bien sûr engagé mais sa réalisation est antérieure au débat sociétal actuel sur le mariage homo.
Le nombreux public très éclectique présent à la projection reflétait tous les pôles d’intérêt suscités par l’affiche: il y avait le noyau cinéphile local, des sympathisants de la cause homo, des gens venus s’informer au travers du film et du débat sur ce sujet de société d’actualité, le tout formant un meltingpot parfait.
C’est donc un film prémonitoire et le sujet du mariage est à peine effleuré dans le documentaire. Au contraire le mariage, archétype de l’installation bourgeoise, était combattu par les post soixante-huitards des mouvements gay et lesbien, de plus les deux seuls témoins qui en parlent le font dans une chapelle, alors que si j’ai bien compris le mariage modèle 2013 serait plutôt de l’ordre du civil républicain…
Après la projection et la conférence un échange très libre s’est tissé entre les différents participants à la soirée autour d’un buffet participatif. Le réalisateur a échangé longuement avec de nombreux cinéphiles; les stéphanois ont découvert Lamastre le lendemain après avoir été hébergés « chez l’habitant ».
Une soirée d’échange et de compréhension autour d’un thème d’actualité.
Un évènement culturel que nous sommes heureux d’avoir salué, à classer comme le premier évènement « gay » lamastrois.
Bravo JenJac pour l’idée, la spontanéité et la réussite de cette soirée hors des canons habituels de la culture locale.
A suivre.
R B
Oui, un documentaire très intéressant & bien filmé, avec des témoins touchants & assumant ce qu’ils sont ! Bravo pour cette Première à Lamastre, « désert campagnard ardéchois » cité par le réalisateur mais milieu paysan (dont je suis)avec des valeurs authentiques & capable de s’interroger & se positionner en conscience.
Justement, j’ai été interpellée par la proximité des animaux & du végétal dans l’environnement de ces hommes & femmes. N’est-ce pas un clin d’oeil pour un retour vers la Nature, messagère de lois bien plus vastes & généreuses que celles de la plupart des humains (dont je suis) ?
Merci JenJac de nous donner l’occasion de réfléchir & prendre notre part de responsabilité ici & maintenant !