Communiqué de l’association SILICE
Sauvegarder les Intérêts des Lamastrois par l’Information sur la Carrière et l’Environnement
BP 40 – 07270 LAMASTRE Association loi 1901 n 007300720
Lamastre, le 16/08/2013
Madame, Monsieur,
En ce début d’année et pour la 4ème fois depuis 2005, l’entreprise Roffat de Mercurol a demandé l’autorisation d’exploiter une carrière industrielle de granulats à Lamastre. Son dossier a été déclaré recevable par le Préfet de l’Ardèche car il comprend cette fois tous les documents exigés pour formuler une demande de ce type. A ce stade, le Préfet n’a pas encore décidé si la carrière était compatible avec l’environnement et l’économie de la ville. La DREAL de Lyon a donné également un avis favorable le 12/07/13 à partir de l’examen du dossier papier présenté par l’industriel. Les conseils municipaux des communes du canton vont se prononcer sur l’opportunité du projet dans les jours qui viennent.
Une enquête publique aura lieu à la mairie de Lamastre du 30 septembre au 31 octobre 2013.
Selon les éléments supplémentaires qu’elle aura révélés, M. le Préfet prendra un arrêté valant autorisation d’exploiter ou refusera le projet.
Ainsi que la loi nous y autorise, nous avons demandé à M. le Préfet de nous communiquer une copie du dossier déposé par M. David Roffat, gérant de la SAS Roffat. Après l’avoir étudié, nous sommes en mesure d’affirmer que ce nouveau dossier est en tous points semblable au dossier précédent que le juge administratif a rejeté à 3 reprises. Ce sont les mêmes artifices qui sont utilisés pour tromper le public. Quant aux nuisances sur l’économie de la ville et de son canton elles ne sont même pas évoquées.
- CONTENU DU PROJET DE CARRIÈRE ROFFAT (extraits du rapport non technique et de l’étude d’impact) :
M. Roffat veut extraire et concasser jusqu’à 100000 tonnes de granulats par an sur 50000 m2 exploitables (2 fois plus que la carrière Bonnardel de Saint Péray), installer 3 concasseurs d’une puissance de 790 kWh (il n’y en avait qu’un en 2010), aménager une plate forme de stockage et de vente des granulats alluvionnaires qu’il produit à Mercurol (30000 m3). Il demande 15 ans d’exploitation. Il pourra sur simple autorisation préfectorale (facile à obtenir) prolonger son activité sur 15 autres années.
Selon lui, la main d’œuvre nécessaire pour ce projet est de 2 emplois; la carrière lui permettrait de conserver ceux de la maçonnerie SINZ (c’est faux : il a vendu la maçonnerie SINZ à l’entreprise SAVEL de Bozas en 2010), de satisfaire les besoins locaux en granulats, de faire diminuer le coût des travaux de voirie et de reverser une taxe professionnelle.
Sur la base des sondages effectués en Janvier 2010, il pense que les nuisances sonores et les retombées de poussières prévisibles resteront dans les limites autorisées. Il prétend que la future carrière ne sera « pas visible du village ». Dans 15 ans au mieux, et peut être jamais si l’exploitation est prolongée, un talus boisé serait reconstitué en ligne de crête après avoir été lui aussi exploité en carrière.
Ce projet est celui d’une carrière industrielle qui n’a donc rien à voir avec la carrière artisanale modeste qu’exploitait la famille SINZ, ni en nombre de salariés (2 seulement) ni en terme de destruction de notre environnement.
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- IMPACT PAYSAGER, VISUEL ET SONORE DU PROJET :
Ces impacts font partie des arguments qui ont été retenus par le tribunal administratif pour annuler l’autorisation de carrière précédente. IL EST ainsi FAUX D’AFFIRMER comme fait l’industriel :
Que la carrière actuelle n’est pas visible depuis le centre ville et depuis la ligne ferroviaire touristique alors qu’elle est bien visible de Monteil jusqu’à la Gruterie.
- Que la carrière future ne se verra pas davantage alors qu’elle sera 15 fois plus grande (soit 12 terrains de foot). Ce n’est pas à partir de simples photos de la carrière actuelle qu’on peut estimer l’impact définitif du projet.
- Que les quartiers résidentiels implantés face à la carrière ne seront pas impactés par son projet. Ces quartiers (les Fauvés, les terrasses du Doux, la Suche, les Blachettes, le Peyronnet, les Vignes, les Fauvettes, auxquels on peut ajouter l’avenue Paul Bruas, Coquet et l’hôpital en construction, soit près de 600 personnes) sont en plein développement car ils se situent sur les seuls terrains constructibles de Lamastre. Ils sont déjà en éclairage acoustique et visuel direct de la « petite » carrière actuelle. Or, à la fin de la période d’exploitation des 15 premières années, le front de taille arrivera aussi haut que le relais de télévision de la Suche.
IL EST FALLACIEUX de se servir des mesures de bruits et de retombées de poussières réalisées en janvier 2010 car les conditions d’exploitation du projet ne seront pas du tout les mêmes.
Enfin, nous subirons pendant 15 ans, peut être 30, la destruction du site à la porte de la ville et à 50 m de la voie de chemin de fer. Et même réhabilité, ce site gardera un caractère artificiel alors que la commune va intégrer totalement le Parc Naturel Régional des Monts d’Ardèche en 2014.
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- ENJEUX ÉCONOMIQUES DU PROJET
M. Roffat se garde bien de chiffrer les effets des nuisances de son projet sur l’économie locale.
Le tourisme est une vocation naturelle pour Lamastre et son canton. Il constitue une source de revenus importante pour de nombreux habitants. C’est une évidence que ne se prive pourtant pas de rappeler la municipalité actuelle. Il n’est pas nécessaire d’être spécialiste en économie pour comprendre que la proximité d’une carrière industrielle n’est pas compatible avec cette vocation qui génère de nombreux emplois dans le commerce, la restauration, l’hôtellerie, l’artisanat et l’agriculture. La durée d’exploitation de 15 ans sera d’ailleurs largement suffisante pour mettre à bas tous les efforts économiques faits dans les domaines touristiques, agricoles et artisanaux.
IL N’EST DONC PAS LOGIQUE de la part de nos élus :
- D’investir autant d’argent public dans des infrastructures à but touristique et en même temps de favoriser cette carrière. Toutes les communes du canton ont participé à l’effort financier qui a permis le retour du train. Elles ont acheté et rénové les gares, construit l’atelier de réparation des locomotives. Elles s’apprêtent à payer les futurs WC de la gare de Lamastre (100000 euros !). La voie de chemin de fer vient d’être entièrement restaurée aux frais du contribuable. La présence de la carrière ne permettra plus d’envisager le retour régulier du train et du vélo rail à Lamastre car le niveau d’implication des repreneurs du train, qui sont des professionnels du tourisme, dépendra du maintien de l’attractivité du territoire. Persister à soutenir ce projet est donc un comportement qui révèle une mauvaise gestion de l’argent public.
- De réunir les 2 offices de tourisme à Lamastre qui concentre la plupart des services du canton et qui deviendra ville minière polluée alors qu’elle a obtenu le label ville touristique en 2012 !
- De privilégier 2 emplois prévisionnels, peut être simplement déplacés de Mercurol, pour cette activité dont la partie négoce de matériaux de voirie concurrencera fortement les nombreux emplois de nos entrepreneurs locaux comme ceux de « La Gravière » (ex-Mazoyer, 15 salariés) et qui risque de pénaliser le reste de l’économie (par exemple, on ne construira plus si le territoire n’est pas attractif).
- D’installer cette carrière à Lamastre alors que 80% du matériau extrait sera destiné à la vallée du Rhône.
IL N’EST PAS HONNÊTE de la part de M. Roffat de :
- Dire que la pérennité des emplois de la maçonnerie SINZ dépend encore de la carrière puisque M. Roffat a vendu cette activité à M. Christophe SAVEL de Bozas en 2010.
- Affirmer qu’une carrière proche ferait économiser 400000 euros par an sur les travaux de voirie. M. Roffat veut faire croire que la simple fourniture du granulat représente la quasi totalité des 500000 à 1100000 euros investis par an de 2010 à 2012 dans la réfection des routes du canton (page 147 de l’étude d’impact). C’est faux: n’importe quel décideur public sait très bien que c’est la main d’œuvre qui revient le plus cher La fourniture des granulats représente une part modeste de la facturation. Le projet de carrière précédent comportait déjà cette disposition trompeuse. La presse ( voir Terre Vivaroise du 30/11/2010 http://www.hebdo-ardeche.fr/blog/2010/11/30/la-carriere-au-centre-des-attentions/) avait rapportée que le concours de M. Roffat avait permis « une économie de 5% sur les travaux de la Digue ». Il serait opportun que les élus locaux communiquent au public le montant exact de cette économie.
- Valoriser à ce point les retombées fiscales du projet sans estimer les pertes liées à la disparition des activités touristiques ou à la baisse de la valeur locative du patrimoine immobilier. Les 11000 euros de taxe professionnelle prévus dans le premier projet ne représentent que 0,21% du total des recettes inscrites au budget primitif 2013 de Lamastre (5030606 euros) et équivalent à « 3 commerces» seulement. A t’on chiffré les pertes ?
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Le 12 novembre dernier, à notre demande, SILICE était reçue par le Préfet de l’époque. Au cours de l’entrevue, celui-ci nous confiait que la sensibilité de l’environnement de cette carrière ne lui avait pas échappée. Pour autant, il n’était pas en son pouvoir de bloquer le dossier si celui-ci était complet en la forme. Le Préfet n’est donc pas responsable de la réémergence de cette affaire.
M. David Roffat profite tout simplement de l’opportunité que lui a procurée M. le Maire de Lamastre lorsque ce dernier a demandé à son conseil municipal en 2003 de l’autoriser à modifier le plan d’occupation des sols au Malpas afin qu’une carrière puisse y être exploitée. Pour y mettre un terme, il aurait suffit à ce même conseil d’annuler cette délibération dont les conséquences seront préjudiciables aux intérêts des administrés.
Il est très curieux que M. le Maire de Lamastre ne prenne toujours pas en compte les nuisances avérées de ce projet pour la ville touristique qu’il gère depuis 24 ans. Il est encore plus troublant qu’il convoite l’implantation de cette carrière au point d’avoir soutenu M. Roffat au tribunal en 2007 et de défendre encore son projet auprès du Préfet cité ci-dessus qu’il a rencontré à cet effet en 2012. Que pense son conseil municipal de cette attitude ?
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Nous terminerons par une affirmation de M. Roffat extraite du dossier qu’il présentait au vote du conseil municipal de Lamastre en 2005 : « La carrière va ternir … l’image de Lamastre et provoquera une perte significative de valeur de l’immobilier dans un rayon de 10 kilomètres ».
Oui, vous avez bien lu ! L’industriel lui même avertissait les élus que la carrière aurait un impact négatif sur une vaste zone. Nous avons étudié son nouveau projet : il est en tous points identique au premier!
Quant au commissaire enquêteur, il écrivait dans son rapport en 2007: « Il faut admettre que le choix du site, si près de la ville, est un inconvénient majeur». Pourquoi donc privilégier une telle proximité avec la ville de Lamastre ?
Comme en 2008, comme en 2011, ce projet réapparait juste avant des échéances électorales. Comme précédemment, l’amalgame sera fait entre opposants politiques et anti-carrière. Depuis le début, nous avons bien compris que cette affaire sert de thème de campagne électorale pour diviser la population. Pour notre part, nous voulons juste que l’intérêt du plus grand nombre ne soit pas sacrifié au profit de celui d’un particulier. Nous mettrons en œuvre tout ce qui est légalement possible pour faire barrage à ce projet aberrant.
Votre avenir est en jeu. Ce sont les différents acteurs questionnés lors de l’enquête publique – vous et les conseillers municipaux du canton – qui seront les premiers responsables de la décision finale que prendra M. le Préfet. N’hésitez pas à diffuser largement l’information autour de vous. Plus nous serons nombreux, plus nous serons écoutés.
Nous vous invitons à participer massivement à l’enquête publique pour dénoncer point par point cette étude d’impact qui reste très éloignée de l’objectivité nécessaire pour informer correctement le public et l’administration.
L’association ne répondra pas sur ce site aux éventuels commentaires suscités par ce communiqué. Pour faire part de vos observations ou nous témoigner votre soutien (l’adhésion à Silice coûte 10 euros à l’année), vous pouvez nous laisser un message à l’adresse suivante : contactsilice@laposte.net.
Le collectif d’administrateurs dirigeants.
Contacts : Bernard GERMAIN 04 75 06 49 39 – Philippe RANC 06 11 34 82 87 – Yves COLOMB 06 86 72 62 07
à la lecture de ce communiqué je vois un projet totalement aberrant et certainement irréalisable à Lamastre qui se veut ville touristique c’est carrément incompatible !incompréhensible..