2 juillet 2013 Le retour du Train.
Ce mardi 2 juillet la Gare, « notre Gare », va s’animer pour une cérémonie qui va revêtir plusieurs facettes.
Une facette historique bien sûr puisque le Mastrou qui a été au cœur de la vie de notre cité revient à Lamastre.
Je laisse à une Lamastroise, fille de la gare , de nous livrer son vécu plein d’émotion et de souvenirs d’enfance.
Souvenirs !!!
1934, J’ai trois ans quand mon père âgé de 37 ans est nommé à Lamastre comme chef de gare, après être resté deux ans à la gare de St Agrève (sale gare disait-il, bien sûr à cause du climat et des trains qui partaient pour le premier à 4 heures du matin et souvent partaient seuls à cause du gel et de la pente de la voie ferrée…
Nous voici à Lamastre, mes parents ravis retrouvent leurs famille et … les fruits si absents à St Agrève ; chaque matin je suis réveillée par mon père qui aimait assumer le premier train (6 h). En ce temps-là pas de chauffage central et un agent venait du Groubon en vélo par tous les temps pour donner la vie aux nombreux poêles à charbon. Pour moi, enfant de la gare, c’était un lieu de vie à la fois pour les enfants, pour les adultes aussi, soit par curiosité, soit intéressés par les nombreux colis qui arrivaient chaque jour et qui représentaient le coté commercial, c’était un lieu de rencontre, les déplacements s’effectuant pour la plupart par le train, j’aimais beaucoup le dimanche soir, jusqu’à la clôture (minuit) de nombreux jeunes se réunissaient. Beaucoup de petites amourettes se retrouvaient là, certaines y prenaient naissance. J’ai beaucoup joué : les wagons, le jardin, les balançoires, les bois des établissements Gaillard attiraient les enfants, sans oublier le pont tournant.
Tout ceci créait de vastes possibilités de jeux, facilités par une certaine liberté, quelques sottises, et quelques points de suture en résultait, réprimandés nous prenions conscience du danger.
1939, j’assiste au départ de nombreux lamastrois mobilisés, c’est la guerre. Je me souviens de ces couples qui pleuraient en se séparant, vient l’époque des restrictions et la gare devient un centre de trafic entre les gens des villes venant se ravitailler et ceux de la campagne. Petite anecdote les gendarmes avaient mission, pas toujours respectée heureusement de surveiller les denrées qu’ils réquisitionnaient, un jour un voyageur se voit saisir 5 douzaines d’œufs, « vous ne les aurez pas » criait-il et le voilà qui piétine tous ses œufs devant tous les regards médusés, et maman qui accourt, bol et cuillère à la main pour essayer d’en récupérer un ou deux.
1945, voir une période euphorique, les prisonniers reviennent par le train toujours, c’est la liberté, les mardis sont très très animés, les fermiers débarquant avec leur panier recouvert d’un linge blanc qui abrite beurre, œufs que de bonnes choses. J’entends mon père dire à ma mère « je n’ai que 10 minutes pour déjeuner »
J’ai aussi assisté à un drame : un jeune homme venant de St Prix accompagné par sa mère, c’était probablement son premier voyage avant le régiment. Malheureusement dans son affolement au retour, il monte dans le train direction Tournon, il s’en rend compte trop tard, mais saute, son pied est sectionné, je revois le Dr Charra et mon père, très grande émotion et tristesse de constater le peu d’information et de communication à l’époque de certains jeunes dans la campagne.
La gare occupait une place centrale et prépondérante dans Lamastre, elle offrait un but de promenade appréciée pour beaucoup de personnes, et pour moi elle a facilité ma connaissance et mes « petits tours » dans Lamastre.
Christiane Rey Vaganay.
Après une interruption de quelques années due à un « problème technique » imputable à des erreurs de gestion de l’exploitant qui avait privilégié le chiffre au détriment de l’investissement durable dans la maintenance. Le train revient, enfin !
La fermeture de l’exploitation de tout le réseau Vivarais Lignon de 1968 avait été suivie de la reprise touristique en 1970 de la ligne Tournon Lamastre par la CFTM après bien des déboires administratifs et quelques catastrophes naturelles, tout cet historique se retrouve dans le livre « Les chemins de Fer du Vivarais » qui constitue un référence :
Le nouveau schéma actuel avec d’un coté la région, le département et les communautés de communes qui ont supporté la remise en état des « murs » et l‘exploitant privé qui s’occupera de l’exploitation change la donne. Le Mastrou est mort, vive le Train du Vivarais.
L’exploitant va privilégier le circuit court entre la flambant neuve gare de St Jean et celle de Colombier, faire aussi monter en puissance le séduisant concept de vélo rail et quand même maintenir une liaison « historique » sur Lamastre qui a heureusement hérité de l’atelier de maintenance. C’est la facette économique.
Ce 2 juillet c’est la fête, le Mastrou va faire son voyage inaugural en Fanfare comme au bon vieux temps. Ce premier train sera pris d’assaut par les invités des différents acteurs : Région, Départements, Communautés de Communes, exploitants, soit plus de 500 personnes qui vont fouler le sol de la Gare.
Ce choix d’un mardi correspond au jour prévu par l’exploitant pour la destination lamastroise pour son exploitation, le marché de Lamastre constituant l’animation naturelle qui sera proposée aux voyageurs potentiels.
Ce 2 juillet sera donc la fête aux acteurs de la renaissance du train, peut être un peu au détriment des lamastrois qui vont être un peu dépossédés pour ce jour de « leur Mastrou » la fête sera ainsi plus institutionnelle que populaire, à charge à eux, à nous de se la réapproprier ultérieurement pour pérenniser cet apport touristique et économique. Ce sera la facette enjeu d’avenir.
Ce mardi il y aura donc un train « bondé » arrivant à Lamastre avec tous les invités, qui seront reçus « en Fanfare » et se verront offrir un buffet dans la gare, juste finie pour l’occasion, discours, flons flons et promesse de développement de cette destination touristique lamastroise qui a fait la renommée de notre cité pendant des décennies.
ReVive le Mastrou au sein du Train du Vivarais.
R B.
Juste 2 mots mais il me semble nécessaire de le souligner parfois.
BEL ARTICLE