Dialogue avec l’arbre ou leçon d’anatomie
Banale pour certains, rituelle pour d’autres, la promenade se transforme en partie de plaisir, pour la photographe exploratrice, toujours à l’affût de l’inédit, aidée en cela par un sens aiguisé de l’observation. L’écorce des arbres va lui fournir de quoi éprouver plaisir et satisfaction car les formes bizarres de l’écorce se décodent comme une leçon d’anatomie, un bestiaire mystérieux et fantastique. Le détail insignifiant est capté par l’objectif pour renaître ensuite surdimensionné sur le papier photo.
A travers l’objectif, le dialogue s’établit entre l’observateur et l’observé. Car de toute évidence les arbres parlent, non pas le langage humain mais leur expression se traduit par des réactions donc des formes dont l’origine est diverse; soit suite à la maladie bien connue pour le châtaignier, la blessure suite à l’arrachage ou à l’élagage des branches, etc.
Si le grand âge a souvent raison de l’humain, il n’épargne pas l’arbre et modifie sa forme, son enveloppe donc son écorce.
Victime de son imagination fertile, de ses souvenirs archaïques, ou de ses fantasmes, la photographe cherchent à traduire en image le langage du châtaignier, du platane, de l’olivier par la série de photos de cette exposition.
France V. Brun – St-Basile
J’aimerai encore écrire une citation que j’ai faite mienne.
» Je suis attaché à mes arbres; je leur ai adressé des élégies, des sonnets, des odes. Il n’y a pas un seul d’entre eux que je n’aie soigné de mes propres mains, que je n’aie délivré du ver attaché à sa racine, de la chenille collée à ses feuilles; je les connais tous par leurs noms, comme mes enfants: c’est ma famille, je n’en ai pas d’autre, j’espère mourir au milieu d’elle ».Chateaubriand – « Mémoires d’outre-tombe »
Le Journal Tain Tournon par la plume de son journaliste Michel Charlonnai a publié dans sa dernière édition un article traitant de l’exposition, nous vous le livrons:
« Après une série de portraits saisis dans l’instant, la sophistication des camavaliers vénitiens, des paysages du bout du monde et les reflets proches de l’abstrait de navires en Méditerranée, France Brun, nous propose, avec sa vision toute personnelle de l’utilisation de l’objectif, un nouvel accrochage encore plus dépaysant, bien que les sujets photographiés fassent partie de l’univers quotidien de tous: les arbres.
Des photos qu’elle définit elle-même comme un dialogue entre l’observateur et l’observé: « Car de toute évidence les arbres parlent ».
De toute évidence ils parlent à l’œil de la photographe, qui de blessures d’écorce, en trace de greffes a su, par l’utilisation du détail en plan large, recréer à nouveau un espace onirique où l’abstraction côtoie le presque figuratif, dans tous les cas des œuvres qui parlent à l’imagination. Seule ombre au tableau (ou à la photo si l’on préfère) notre chef-lieu de canton, hormis la bonne volonté de propriétaires de bars, ne proposant pas de lieu en centre-ville propre à l’exposition des œuvres des artistes (et l’Office de Tourisme ayant depuis quelques années « oublié » les accrochages) c’est dans la salle d’attente d’un médecin que l’on peut observer le travail de l’artiste. Une curiosité pour une ville qui se veut touristique.
En attendant… (Si l’on peut dire) les patients ont bien de la chance! »
Michel Charlonnai dans le JTT