Iconographie d’une gabegie
Au risque de me répéter je vais encore critiquer, mais il faut bien que quelqu’un écrive ce que de nombreux pensent tout bas.
En vous promenant du coté de notre «cher» hôpital vous avez pu constater les dégâts en cours sur le bâtiment ouest de feu la résidence. L’image est saisissante, le bâtiment encore en fonction en février est la proie des démolisseurs, c’était programmé, c’était validé, c’était accepté, mais quand même c’est impressionnant.
Pour mémoire quelques images de l’ancien EHPAD .
Pourquoi cette démolition ? Parce que le bâtiment de l’EHPAD n’était plus aux normes de surface obligatoires au 21 ième siècle, le normatif porte sur la surface des chambres et la suppression de celles à 2 lits. Chambres à 2 lits qui reviendront probablement lorsque les sociologues discourront dans les prochaines années sur la recomposition des couples âgés …
Plutôt que de réhabiliter le bâtiment et de rajouter éventuellement une extension pour rattraper les normes, les architectes ont préféré faire table rase et repartir à zéro lors de l’élaboration du projet.
Le côté architectural était séduisant avec un projet à 2 modules, un nord, un sud et une liaison centrale administrative et récréative. On démolit donc actuellement pour construire de l’administratif..
En 2010 les architectes ont pu laisser libre cours à leur inspiration, les tutelles survolaient le projet, le directeur de l’époque y voyait le projet de sa carrière et le maire et président du conseil de surveillance jubilait car cet énorme projet ne coûtait pas un centime à la commune puisque tributaire d’un financement état, région, département.
Quelques voix s’étonnaient bien de la grandeur du projet, j’avais lors de réunions internes rappelé que le bâtiment de la résidence avait été construit pour « durer 1000 ans » et que sa conception pouvait supporter une surélévation, mais les personnes « autorisées » n’étaient pas réceptives à ces propos d’un autre âge, émanant de plus d’un simple supplétif médecin de l’établissement, par essence notoirement incompétent en architecture et en finance.
Les arguments des bâtisseurs démolisseurs reposaient sur des mots clefs bien réglés : normes, facilités offertes par la démolition, projet d’un bâtiment BBC (bâtiment basse consommation) et bien être des résidents et des personnels.
Depuis le début du projet de l’eau a coulé sous les ponts.
La crise économique nationale qui dure pousse aux économies. Pour ce faire les tutelles, qui sont au pied du mur de la réalisation du projet, ont révisé rapidement les prestations à la baisse : la norme BBC a été abandonnée du fait de son surcoût, on a aussi décalé un peu le début des travaux, tranches par tranches, histoire d’étaler les dépenses budgétaires.
On a donc vu d’abord construire le bâtiment sud sur les anciens jardins en oubliant au passage les promenades sur berges du Doux, puis le bâtiment nord. La partie hébergement proprement dite de 112 lits était ainsi réalisée, opérationnelle depuis mars 2017.
La cohésion et l’unicité du projet passaient par le bâtiment ouest de liaison entre les deux bâtiments d’hébergement.
à gauche le bâtiment à démolir , à droite l’EHPAD Nord flambant neuf.
Sur la photo on voit la proximité de ces bâtiments avec l’ancien EHPAD. Deux passerelles auraient suffit facilement à les rendre jointifs. Le coût estimé d’une passerelle simplex tournait autour de 150 000 €.
Mais le projet a continué ainsi son cours avec cependant des modifications.
Le budget initial ayant été bien entamé par les deux constructions sud et nord, il ne reste que 4 millions d’euros à dépenser sur les 17 initiaux du budget global, pour la construction du nouveau bâtiment ouest.
Cette construction passe par la destruction totale du bâtiment de l’ancien EHPAD, qui n’avait que 50 ans et dont la partie rotule très lumineuse fonctionnait depuis 1995…
Et c’est là où le bas blesse et où commence la gabegie.
Nous sommes en train de démolir un bâtiment de près 25 mètres de large sur 85 mètres de long, sur 3 niveaux soit près de 6000 m², avec son extension « rotule » de 200 m² sur 3 niveaux soit 600 m², ce sont donc près de 6600 m² qui partent à la casse.
Le bâtiment de remplacement à construire a fait les frais des économies imposées par les tutelles avec une forte diminution des surfaces. Ce bâtiment avait une vocation d’accueil et d’administration, les économies vont se traduire par une diminution du nombre de pièces, une diminution des surfaces restantes. A l’heure actuelle les plans définitifs ne sont pas clairement définis ni dévoilés, mais ne correspondent plus au magnifique projet du début, ni en surface au sol, ni en hauteur. Le bâtiment à venir va être implanté en recul par rapport à l’ancien pour libérer du parking sur la rue et rester jointif avec le bâtiment médecine SSR.
On se retrouve donc déçus et désorientés par une construction-démolition à 4 millions d’euros qui va nous priver de 6600 m² fonctionnels pour nous gratifier d’une surface de 2000 m². Ça fait cher le changement, et c’est ce qui fait parler de gaspillage, était-ce vraiment « un bon plan » ?.
La mise à la norme obligatoire de la cuisine était un des arguments principaux de la démolition, on fonctionne actuellement dans des algecos, allez comprendre ?
On peut se contenter en pensant que ce ne sont pas les finances lamastroises ni communautaires qui sont impactées par cette dépense somptuaire, mais le budget de l’état en général. Donc quand même un peu « nos sous ».
On peut se contenter en disant que les grands travaux soutiennent l’économie, sauf que des salariés œuvrant sur le chantier sont des travailleurs « détachés » !!
On peut se contenter en disant que nous allons avoir « un bel établissement » , mais qui va être difficile à gérer en terme de surfaces fonctionnelles du fait de son étalement..
Tout ce premier paragraphe portait donc sur l’investissement, et vous l’avez compris ce budget va être à sec. Et nous devons donc faire le deuil des grandes surfaces promises.
Il faut donc parler maintenant du budget de fonctionnement, car ça coince beaucoup sur ce chapitre. Les acteurs présents dans la résidence et dans l’hôpital sont tous impactés par les restrictions budgétaires imposées par les tutelles et communément appelées «plan de retour à l’équilibre ». Plan qui impose des économies car il faut bien rembourser les crédits.
Les variables d’ajustement sont peu nombreuses :
-du point de vue des personnels : restriction de personnel, restriction des remplacements, renégociation de la durée quotidienne de travail. Avec pour corollaire augmentation de la charge de travail des employés communément appelée « optimisation du temps de travail»
-du point de vue des usagers, la restriction des personnels se fait obligatoirement sentir sur le terrain et diminue le temps passé auprès des patients, certaines prestations disparaissent ou deviennent payantes, (repassage, télévision , téléphone) aboutissant à des ajouts au prix de journée de base. Et in fine le prix de journée monte tranquillement, il avait été acté dès le départ une « augmentation lissée » de celui-ci.
En résumé et pour faire plus court cette démolition reconstruction à 4 millions d’euros va nous donner un bâtiment ouest 3 fois plus petit que l’initial, alors qu’une réhabilitation étalée dans le temps aurait été autrement moins coûteuse. Seul l’aménagement de la cuisine était critique.
En conclusion : les dépenses et les crédits d’investissement en cours sèchent totalement le budget de l’établissement qui se voit contraint de faire des économies de fonctionnement dont les usagers et les personnels font les frais. On paye actuellement les décisions des années 2009/2010, sans recours.
On va avoir un très beau complexe architectural, complexe à gérer.
Cette gestion était une des inquiétudes de M Saulignac, Président du Conseil Genéral, dans son allocution de 2013 pour la première pierre de l’EHPAD.
Gouverner c’est prévoir.
CQFD, avec le regret de n’avoir pas parlé assez fort au départ.
RB