Covid 19 : une vie de chien.
Commençons, si vous le voulez bien, par la présentation de ce chien croisé bichon-berger des Pyrénées : voici Henri Paulus Alexander de Bérion Descendu. Pourquoi ce nom de baptême un peu ronflant ? L’explication est simple : c’est parce qu’il est né sur des terres de nobles, tout près du Château de Maisonseule, plus précisément chez les Soubeyrand de Bérion de Saint-Basile. Le plus souvent, pour plus de facilité, on l’appelle Poulou : c’est le surnom que nous nous proposons d’utiliser ici pour économiser de l’espace et du temps.
Et donc Poulou, puisqu’il s’agit de lui, traverse une période difficile qui va peut-être intéresser les amis des bêtes, les autres beaucoup moins. Que ces derniers veuillent bien nous excuser. On vous raconte ?
Comme on le sait, le protocole sanitaire au niveau des visites à l’EHPAD de Lamastre rend bien des gens malheureux. Moment difficile pour les pensionnaires et leurs familles et également assez insupportable pour notre toutou bien aimé. C’est que, depuis des années, Poulou est chien visiteur à l’EHPAD. Il y a ses habitudes et y compte un bon nombre de copines et de copains fidèles. Des relations sincères et suivies, entretenues à petits coups de caresses et de friandises échangées.
Deux fois par mois, après être passé au bain, voilà Poulou bien pomponné qui part la queue en panache quand il comprend qu’il va rejoindre des résidents pour un petit moment de tendresse partagée. Là-bas, il est capable de rester patient, sans bouger, de longs moments à se laisser caresser alors que dans la vraie vie, il n’est qu’une boule de nerfs, agité et aboyeur. Pas du tout susceptible, selon la chambre dans laquelle il entre, le voilà qui se fait traiter de « Toby, Youki, Princesse… » selon le nom du chien qu’a eu jadis la personne visitée : une scène particulièrement émouvante à chaque fois. Dans sa fonction de chien visiteur, rien ne le met en colère, même pas les tirages de poils un peu trop brusques qu’il subit de la part de personnes qui ne contrôlent plus tout à fait leurs gestes.
Et voilà que depuis des semaines il est privé d’EHPAD. Il faut le voir tirer sur sa laisse quand « la balade d’une heure à moins d’un kilomètre » l’amène, lui et ses maîtres, à passer devant le bâtiment ! Lui, ce qu’il voudrait, c’est sûr, c’est entrer donner un petit coup de langue à ses copains, profiter des caresses de leurs mains tremblotantes et fragiles et les aider à finir, si besoin, le reste de leur goûter car faut pas gaspiller. Foutu Covid !
Quand les mesures de confinement vont se détendre et qu’on va pouvoir lâcher les chiens (pas que ceux de chasse) il y a des retrouvailles qui vont être joyeuses.
Bernard Montérémal.