L’Université Populaire du Vivarais a organisé une Sortie Patrimoine le 29 juin dans la région d’Annonay avec 18 adhérents pour découvrir:
. Le Musée des Papeteries Canson et Montgolfier à Davezieux
Cet imposant bâtiment se trouve dans la grande maison natale des frères Joseph et Etienne de Montgolfier, inventeurs des aérostats mais surtout ingénieux papetiers apparentés à la famille Canson. Après avoir raconté l’histoire exceptionnelle de cette saga familiale, le guide Jérôme Brias a fourni des explications précises, démonstrations à l’appui, sur la fabrication du papier qui tire son origine étymologique du mot papyrus. Pendant des milliers d’années, les Egyptiens ont utilisé les fibres tressées, martelées, séchées, collées de cette plante pour écrire leurs hiéroglyphes sur des rouleaux, parfois de plusieurs mètres de long.
L’invention de la pâte à papier revient aux Chinois au IIIème siècle avant notre ère, reprise par les Arabes vers l’an 800 et transmise à l’Occident au Moyen-Age avec la création de l’imprimerie. L’industrie papetière prend son plein essor au XIXème siècle. La famille Montgolfier, papetiers depuis 1557, s’installe dans le quartier de Vidalon au bord de la Deûme à Davezieux et construit la papeterie qui assurera sa renommée. Au milieu du XIXème siècle, celle-ci emploie des centaines de personnes qui profitent d’avantages sociaux: logements collectifs, repas journaliers fournis à la cantine, crèche, bibliothèque, école de filles, caisse de secours pour la prise en charge de certains soins.
Dans le sous-sol du Musée, on peut admirer la roue à aube qui permettait d’actionner, dans un bruit assourdissant, les énormes piles à maillets qui écrasaient les chiffons pour les réduire en une pâte épaisse. Après égouttage et de multiples opérations grâce au travail de l’ouvreur, du coucheur et du leveur, les feuilles de papier sont étendues sur des cordes pour le séchage afin d’être prêtes à l’emploi. Par la suite, la technique s’améliore avec l’invention de la machine à papier en continu dont un exemplaire datant de 1900 et mesurant une dizaine de mètres se trouve au Musée. Ce monstre mécanique est en parfait état de fonctionnement!
Après une pause-repas au restaurant « Le Cochon qui pêche« , la visite s’est poursuivie à:
. L’Espace-Musée du Parchemin à Annonay
Créée en 1926 par Marcel Dumas, inscrite à l’inventaire des Métiers d’Art Rare en 2011 dans le cadre de la Convention de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, la parcheminerie Dumas est l’une des 3 dernières en France et fait partie depuis 2013 des 10 entreprises ardéchoises portant le label « Entreprise du Patrimoine Vivant« .
Le petit-fils du créateur, Frédéric Dumas, a accueilli les adhérents de l’UPV dans le musée qui côtoie l’atelier de production en leur expliquant le processus de fabrication d’un parchemin.
L’histoire du parchemin est liée à celle de l’écriture en tant que moyen de communication du langage par des signes ou des lettres. Les premières traces d’écriture dateraient d’environ 6 000 ans en Mésopotamie et en Egypte. Selon les époques et les pays, on a utilisé différents supports: des tablettes d’argile ou de cire, des tissus de soie, des feuilles de papyrus jusqu’à la création du parchemin qui serait originaire de la ville de Pergame en Turquie, d’où son appellation.
Le parchemin est obtenu par la transformation d’une peau animale dont on ne conserve que le derme. Plusieurs semaines et quantité de manipulations seront nécessaires pour aboutir au résultat final après tannage, enchaucenage, épilage, pélannage,…Au Moyen-Age, en remplaçant le papyrus par du parchemin en tant que support d’écriture, les moines copistes ont ainsi rédigé des livres sacrés enluminés jusqu’à l’apparition du papier et de l’imprimerie. A l’heure actuelle, parce que c’est une matière luxueuse, le parchemin est très prisé par des créateurs de mobilier (abats-jour, panneaux muraux, coffrets,..) ou d’ameublement (coussins, dessus de lit et tapis,…) mais aussi pour des faire-parts écrits ou imprimés.
La sortie Patrimoine s’est enfin terminée par:
. Le Caveau de Saint-Désirat
« Infiniment vin… », c’est ainsi que se définit le Caveau de Saint-Désirat où l’on peut déguster (avec modération) du Viognier, vin blanc de Pays des Collines Rhodaniennes « vif et nerveux » et le fameux vin rouge Saint-Joseph « délicat et friand », déjà connu au XVIème siècle et apprécié à la table des rois de France. Au sous-sol, un parcours olfactif permet de découvrir les subtilités aromatiques du vin avec 9 familles d’arômes que l’on peut visualiser, sentir et comprendre; on peut compléter l’expérience par un parcours du toucher pour découvrir les sensations perçues en bouche.
Rendez-vous en 2023 à la découverte du patrimoine de notre belle Ardèche!
Alain Jammet