Articles avec le tag ‘11 novembre Lamastre’
Cérémonie du 11 novembre à Lamastre.
Ce samedi Lamastre a commémoré comme le veut la tradition républicaine le 11 novembre.
Cette date rend hommage à tous les disparus de toutes les guerres qui ont marqué la mémoire de tous les citoyens.
Cette année les lamastrois ont innové, du moins une partie d’entre eux et la cérémonie s’est déroulée en 2 temps.
D’abord l’officielle et traditionnelle, la « ON » avec comme d’habitude :
Le rassemblement des anciens combattants devant la mairie derrière les drapeaux des associations locales, les Pompiers en uniforme, les élus municipaux et les citoyens. Le nombre des anciens combattants diminue, ce qui peut constituer une satisfaction car elle correspond à l’absence de conflit majeur impliquant des appelés.
Puis le défilé jusqu’au monument aux Morts où l’inoxydable Fanfare, dont le nombre d’exécutants diminue aussi, nous attendait.
Mise en place habituelle avec la lecture des messages gouvernementaux et le discours de M le Maire.
On peut voir dans ces discours une forme d’aphorisme à la Desproges puisque pour apprécier la paix il faut quelle suive une « bonne guerre ».
Hymne national, minute de silence et moment de recueillement partagé étayent cette cérémonie du souvenir. Nous ne sommes plus en guerre ouverte, ni en guerre froide mais les conflits persistent et le 13 novembre au Bataclan est là pour nous rappeler que la Raison n’a pas encore gagné.
Après cette cérémonie traditionnelle un groupe de Lamastrois a apporté sa contribution émotionnelle en mettant en lumière et en honorant les mutins et les fusillés du conflit. Cette part d’ombre de notre histoire est régulièrement évoquée par les historiens. Il s’agit de parler de la parodie de justice, aux mains des militaires, qui a conduit à l’exécution soit ciblée, soit par décimation de plus d’un millier de soldats qui avaient milité contre l’aveuglement de l’état major dans sa chère conception de la « Chair à canon ».
Une chanson, le « chanson de Craonne » a été écrite pendant le conflit pour dénoncer les horreurs de cette énorme boucherie.
Elle a été chantée au monument aux morts par le groupe, de nombreux œillets rouges ont été ensuite déposés au pied du monument. Moment d’émotion pour les citoyens restés pour cette deuxième partie de la cérémonie.
Pour refaire l’histoire de cette tragédie dans la tragédie il faut chercher des indices ténus. Le premier politique à avoir évoqué cette mémoire dans l’exercice de ces fonctions officielles est Lionel Jospin en tant que premier ministre en 1998. Du point de vue littéraire le premier à en avoir parlé une décennie après le conflit est Jean Norton Cru qui a écrit en 1929 « Témoignage » et « Témoins » qui remettaient en question le concert de louange qui embaumait le conflit 14-18. Ses écrits occultés par l’état d’esprit du moment n’ont été remis à l’honneur que dans les années 70. Pour information Jean Cru est né à La Batie d’Andaure…. Du point de vue cinéphilie il faut se remémorer le film de 1957 de Stanley Kubrick « les sentiers de la Gloire » qui dénonçait l’aveuglement des gradés et l’inique justice militaire de l’époque, ce film avait été interdit en France à sa sortie.
Au 21 siècle les militaires ont évolué dans leur conception de l’humain car actuellement tout est fait pour protéger les soldats et limiter les pertes des armées constituées. Cette évolution est surement induite par ces prises de position courageuses.
Cette cérémonie « OFF » s’est déroulée comme la chanson de Craonne dans un état d’esprit pacifiste et léger comme le songe d’un vivre ensemble.
Une seule ombre à ce moment de paix partagé, une main anonyme a fait disparaitre le jour même le panneau commémoratif et les œillets déposés au pied du monument. Cette main anonyme mais pas innocente devait être bien ignorante de l’histoire et dépourvu d’esprit éclairé pour profaner cet hommage et en quelque sorte re fusiller les fusillés.
Il aurait pu laisser les œillets, ils étaient rouges garance.
J’espère qu’il lira ces quelques lignes.
Raymond Bouit.
Un jour pour oublier l’oubli des autres jours.