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l’anthroponymie, quèsaco ?
L’Université Populaire du Vivarais a organisé le 13 février au Centre Multimédia de Lamastre une conférence animée par Bernard Salques, anthropologue et ethnolinguiste, sur le thème de l’origine des noms de personnes et de famille ou l’anthroponymie.
En février 2019, le conférencier avait présenté ce qu’était la science des noms propres appelée l’onomastique qui regroupe plusieurs disciplines dont l’anthroponymie se divisant en patronymie (nom hérité du père) et matronymie (nom hérité de la mère). La formation des noms de personnes ou de famille remonte à la plus haute Antiquité et désignait une caractéristique physique de l’individu, le lieu où il vivait ou on l’affublait d’un surnom. La langue d’origine celtique des 6 à 8 millions de Gaulois d’alors a subi et intégré les influences diverses venant des Grecs, des Romains, des Germains. Une centaine de mots gaulois subsistent encore dans le langage courant comme « char » et ses dérivés (charpente, charrette), « bedu » donnant bief ou béallière, « bilio » (bille de bois) mais il ne reste aucune trace écrite. La nomination d’une personne s’est calquée sur le modèle latin: prénom-nom-surnom. Par exemple, le célèbre écrivain et philosophe romain Cicéron qui s’appelait Marcus (le prénom)- Tullius (le nom venant de son père)- Cicero (le surnom), ce mot venant de « cicer » désignant un pois chiche, Cicéron ayant une verrue sur le visage. Ou encore Vercingétorix dont le nom se décompose en Ver (super,comme over, über)- cingeto (le combattant)- rix ou rex, reich, eric (le roi): le super roi des combattants. Au Moyen-Age, seul le prénom d’origine chrétienne existe. On lui rattache le prénom paternel, un lieu d’origine (Desbos ou du Bois), le nom d’arbres (Nozières ou Nogier venant de noyer) ou la proximité d’une rivière (Canson venant de Cance), de même que le métier (Mazelier venant de mazel ou macellus et désignant le boucher) ou le sobriquet qui deviennent le nom de famille. Au cours des siècles, la forme occitane des noms de lieux se francise pour donner en Ardèche Mézilhac, Guilherand, Guilhem, Deguilhem, les noms de montagne comme rocha donnent Ranc…Parfois, c’est le matronyme qui prend le dessus comme le nom du poète Alphonse de Lamartine (fils ou fille de Martine) ou un numéro comme le nom du cardinal de Paris André Vingt-Trois dont l’ancêtre était un enfant trouvé orphelin. En France, la révolution industrielle a engendré les migrations modernes, qu’elles soient italiennes, espagnoles, portugaises, arméniennes, nord-africaines et ont apporté un souffle nouveau dans les patronymes en favorisant le brassage culturel qui est l’une des richesses du pays.
Alain Jammet