Articles avec le tag ‘maurice klein’
Un article du Monde a interpellé une lectrice longtemps très impliquée dans la vie locale.
Pourquoi mettre en ligne sur Lamastre.net, site à vocation locale, un article sur la préfète en charge du site de Notre Dame des Landes ?
Parce que ans les années 90 « les Klein » Nicole, Maurice et leurs enfants profitaient de leur maison de Charpellière. Ils avaient connu la région par de leurs amis Lamastrois et ont donc fait un bout de chemin avec nous. Nicole est actuellement sous les feux de l’actualité en tant que préfète de Loire Atlantique.
Maurice était dans les années 90 directeur d’un organisme intermédiaire: l’Agence Nationale pour la Création d’ Entreprises, chargé du développement territorial et à ce titre avait travaillé sur le bassin de vie local sous la municipalité Poyet, mais les orientations politiques « des Klein » et le caractère assez réfractaire du Maire vis à vis de tous « ces gens de gauche » n’avaient pas permis une coopération efficiente, vous remarquerez que je choisis mes mots…. Maurice Klein s’était ensuite impliqué en 1995 dans l’élaboration du projet économique de la liste d’opposition à Poyet Vallon. Il avait apporté son expertise et élargit notre champ de vision, il avait même accepté de se présenter sur la liste au cas où le nombre de candidats, à l’époque de 23, soit difficile à atteindre.
La suite vous la connaissez, Lamastre n’a pas eu besoin des Klein, Maurice a continué dans le même registre sur Paris et ailleurs dans le monde ( https://www.lesechos.fr/06/10/2005/LesEchos/19514-036-ECH_maurice-klein.htm ) ( http://www.journaldunet.com/solutions/0507/050721_3q_pole-competitivite-paris.shtml )
Nicole quand à elle a fait carrière au service de la République.
Les Lamastrois qui se souviennent du passage de Nicole et Maurice apprécierons cet article du Monde, précis et tout en nuances, « une main de fer dans un gant de velours ».
Voici l’article du Monde:
Nicole Klein, l’équilibriste de Notre-Dame-des-Landes
ADELINE PRAUD POUR « LE MONDE »
Rémi Barroux
Entre dialogue et autorité, la préfète de Loire-Atlantique veut conduire avec mesure un dossier sensible
PORTRAIT
La scène se passe en marge d’une banale journée de préfète, le 28 septembre 2017. Nicole Klein vient d’accueillir à Nantes, successivement, Brune Poirson, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la transition écologique et solidaire, puis Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances. La première est venue parler d’économie sociale et solidaire, le second de chantier naval. Personne n’évoque le sujet sensible de Notre-Dame-des-Landes. Le gouvernement n’a pas encore tranché le sort du futur aéroport. On sonde la préfète de la région Pays de la Loire et de Loire-Atlantique sur l’issue possible de ce projet, vieux de cinquante ans. « Il y a beaucoup trop de testostérone dans ce dossier », dit Nicole Klein en plissant ses yeux bleu-vert. Les postures guerrières ne séduisent guère cette femme chargée de déminer l’un des dossiers les plus difficiles pour le gouvernement.La décision de l’exécutif d’abandonner le projet interviendra quatre mois plus tard, le 17 janvier. Mais la préfète s’est déjà forgé son opinion. Non qu’elle soit contre l’aéroport – elle prononce souvent « aréoport » comme on dit « aréopage » –, mais l’histoire n’a que trop duré, et les conditions ne sont plus guère réunies pour réussir le transfert de l’infrastructure de Nantes Atlantique vers Notre-Dame-des-Landes. Une rupture par rapport à l’engagement sans faille de ses prédécesseurs, Christian de Lavernée, puis Henri-Michel Comet.
Nicole Klein n’a pris ses fonctions qu’en février 2017, mais elle connaît parfaitement le dossier. Dix-sept ans auparavant, elle est secrétaire générale de la préfecture de Loire-Atlantique quand le gouvernement socialiste de Lionel Jospin décide de relancer le projet de nouvel aéroport et que débutent les débats sur la déclaration d’utilité publique. Mais quand, à l’automne 2012, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault lance une offensive (avortée) pour évacuer la ZAD – la zone d’aménagement différé devenue « zone à défendre » –, Nicole Klein observe de loin. Elle est alors préfète de Seine-et-Marne.
Cette femme à la silhouette menue, cheveux courts à la teinte cuivrée, a eu d’autres dossiers difficiles à gérer. Nicole Klein, 67 ans – on ne lui fête son anniversaire qu’une fois tous les quatre ans, car née un 29 février –, sort de l’ENA, promotion Fernand Braudel en 1987, puis enchaîne les postes… et les crises. Son souvenir le plus traumatisant fut le 26 juillet 2016, quand elle donna l’ordre, comme préfète de Normandie, de « neutraliser » les deux terroristes auteurs d’une prise d’otages dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) et de l’assassinat du père Jacques Hamel. « Je devais prendre la décision, et quand le directeur de la sécurité vous dit qu’il faut tirer, vous dites oui. Mais je n’oublie pas les corps des deux jeunes, morts, devant moi », raconte Nicole Klein.
« Extrêmement républicaine »
Des drames, elle en connut d’autres : le 3 octobre 1988, des inondations font onze morts à Nîmes, quand elle est directrice du cabinet du commissaire de la République dans le Gard. En juin 2011, en Aquitaine, alors qu’elle préside à la préfiguration des futures agences régionales de santé, elle fait face à une grave contamination par la bactérie Escherichia coli de la population dans la région. Fin août 2015, préfète de Picardie, elle décide de ne pas faire intervenir les forces de l’ordre alors que les gens du voyage occupent l’autoroute A1 pour ne pas risquer un nouveau drame, trois jours après la mort de quatre personnes à Roye (Somme), subissant alors les critiques de la droite et du Front national.
Nicole Klein ne revendique aucun engagement politique. « Elle est extrêmement républicaine, c’est une femme de gauche, son parcours le montre, mais quand on est préfet, on est préfet. Elle fait un travail remarquable, avec beaucoup de sang-froid, beaucoup de conviction », dit d’elle le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb.
De Mai 68, elle se rappelle avoir regardé les événements du balcon de l’appartement familial, rue de Bretagne, dans le 3e arrondissement parisien. Elle a alors 16 ans. « Je lisais “Mémoires d’une jeune fille rangée”, de Simone de Beauvoir, j’adorais ce livre », évoque celle qui se revendique « féministe ».
Avant d’entrer à l’ENA, elle travaille à La Documentation française, de 1976 à 1981. « On était une petite bande, on avait créé la section CFDT, et Nicole en était, se souvient Jean-Paul Roux-Fouillet, un ancien collègue. On avait tous à peu près le même âge, 25 ans, et on organisait des fêtes. » Et de narrer les manifestations où ils allaient ensemble, contre l’attentat antisémite de la rue des Rosiers, en août 1982. De tendance maoïste, il se rappelle d’une Nicole Klein, elle, « plutôt PSU » (Parti socialiste unifié).
Et c’est sous le gouvernement de Michel Rocard (ex-dirigeant du PSU, rallié au PS), dans le cabinet de Catherine Tasca, à la communication, qu’elle fait ses premières armes. « Je fais de la politique, mais en servant la République, comme préfète, et on ne peut pas trop se mettre en avant », avance-t-elle. De son passage au ministère de la culture et de la communication, Nicole Klein a gardé le goût des concerts et du théâtre que son emploi du temps lui laisse peu le temps d’apprécier. Cette femme aux plaisirs simples – un concerto de Mozart, un livre de Stefan Zweig, un œuf à la coque et une compote –, mère de trois enfants trentenaires, a aussi travaillé à la Banque mondiale, au début des années 1990, l’occasion d’effectuer de nombreux voyages en Afrique.
Cette carrière diversifiée l’a probablement préparée à la gestion de Notre-Dame-des-Landes. « Nicole est une femme avec un immense sang-froid, très humaine et avec une qualité essentielle : le discernement », estime Nicolas Hulot. « Même si ce n’est pas elle qui a décidé de l’abandon du projet d’aéroport, elle a joué un rôle important dans la gestion de ce dossier. Elle a toujours essayé de maintenir le dialogue, de faire preuve d’ouverture, et si cela se passe relativement bien, c’est grâce à elle. Elle a ma confiance totale », résume de son côté Gérard Collomb. Lors d’une réunion des préfets autour de Nicolas Hulot, le 25 avril, ses collègues sont venus « lui rendre un hommage unanime », selon un témoin de la scène.
« Faire preuve d’autorité »
« Elle n’est pas autoritaire, mais sait faire preuve d’autorité. C’est une énarque qui sait restituer des dossiers en termes simples, elle attache une grande importance à la communication », décode Johann Mougenot, son directeur de cabinet. Une qualité exercée alors qu’elle était chef du service de l’information et des relations publiques du ministère de l’intérieur, de 1997 à 2000.
Pressée par ceux qui veulent en découdre avec les zadistes, notamment les partisans de l’aéroport déçus par la décision du gouvernement, elle tempère les ardeurs. Elle déclare la route départementale 281 libérée, quand cabanes et obstacles ornent toujours les pourtours de la route. « Il n’y a plus de barricades sur le bitume, il est dégagé », déclare-t-elle sèchement à ceux qui font valoir que la route ne peut être rouverte. Elle se refuse à parler d’évacuation et revendique des « expulsions ciblées », se plaignant des va-t-en-guerre, et conjure les zadistes de déposer des dossiers individuels de régularisation, faisant valoir que « le degré d’exigence est assez peu élevé ». Revendiquant une approche « pragmatique », la préfète confie, en privé, son inquiétude d’une opération qui se ferait « sans discernement » et engendrerait des victimes, sa hantise. Elle essaie de rayer certains sites de la liste des squats à détruire établie par la gendarmerie.
Certains des opposants lui reconnaissent d’ailleurs des mérites, quand d’autres voient en elle la représentante d’un Etat honni. « Elle nous écoute et essaie d’arranger les choses, coincée entre ceux qui veulent jouer à la guerre dans la ZAD et au gouvernement », témoigne Sylvain Fresneau, agriculteur opposant historique au projet d’aéroport, qui eut la surprise de voir la préfète venir trinquer avec lui, verre de cidre à la main, à Notre-Dame-des-Landes, le 26 janvier.
« Elle a fait un geste audacieux et réfléchi, en buvant dans un verre siglé “Non à l’aéroport”. “On avait de la chance d’avoir cette préfète”, ont alors dit certains. Mais quand elle a annoncé la fin des expulsions, l’intervention des gendarmes a continué, d’où une méfiance à son égard », explique Marcel Thébault, autre éleveur historique de la zone. En outre, en 2013, alors qu’elle était préfète de Picardie, l’autorisation du projet d’exploitation bovine industrielle de la ferme dite « des mille vaches », réduite à cinq cents vaches, fait tache pour les écologistes. « Le dossier tenait la route administrativement, je n’avais pas à juger le projet », se défend Nicole Klein, toute à sa mission de servir l’Etat.
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Les gendarmes en attente de la reprise des expulsions dans la ZAD
Julia Pascual
Les forces de l’ordre se félicitent de leurs opérations de « concours de la force publique » et des destructions menées « squat par squat »
Après avoir concouru à l’éviction de 29 squats sur les 97 recensés à Notre-Dame-des-Landes, la gendarmerie nationale est désormais dans l’attente de pouvoir poursuivre ses opérations. Le 14 mai, le comité de pilotage réuni par la préfecture de Loire-Atlantique doit analyser les demandes de régularisation déposées par des occupants de la « zone à défendre » (ZAD). Au 23 avril, 41 avaient été dénombrées – dont 28 pour des projets agricoles. A l’issue de cet examen, les expulsions devraient reprendre pour conclure l’opération de gendarmerie commencée le 9 avril et dont les autorités se disent, jusqu’à présent, satisfaites. « La mission a été remplie », selon un cadre de la place Beauvau.Les forces de l’ordre ont d’abord procédé au démantèlement de squats dans un périmètre entourant la route départementale 281, aussi appelée « route des chicanes », qui est l’un des principaux axes traversant la ZAD. Le ciblage a procédé à la fois d’une analyse juridique et d’un choix d’opportunité. « Ça a été compliqué et on a travaillé squat par squat, en interministériel, détaille une source proche du dossier. Il est évident que nous n’allions pas dégager des occupants historiques qui ont vocation à se voir rétrocéder leur terrain. C’était difficile de faire plus. »
Les parcelles n’abritant ni des habitats en « dur » ni des projets agricoles ont été privilégiées : 29 squats au total ont été évacués, puis détruits. Cette première phase a été présentée non pas comme une opération de maintien de l’ordre, mais comme un « concours de la force publique » à des décisions judiciaires d’expulsion. « Ce sont les huissiers qui sont à la manœuvre, a insisté le directeur général de la gendarmerie nationale, le général Richard Lizurey, interviewé sur la chaîne BFM-TV. Aucun gendarme ne procède à des déconstructions. Nous accompagnons le mouvement », assure-t-il.
En engageant 2 500 militaires sur place le 9 avril, les autorités tablent alors sur un effet dissuasif – à défaut de pouvoir jouer sur un effet de surprise –, dans le but, notamment, de juguler les opposants les plus déterminés et de convaincre les réticents d’entrer dans un processus de normalisation. Dès le 12, le président de la République annonce sur TF1 que « tout ce qui était évacuable a été évacué » et tend la main aux zadistes, tandis que le 15, un rassemblement de soutien aux occupants expulsés réunit, dans la ZAD, de 5 000 à 6 000 personnes selon les gendarmes, quatre fois plus selon les organisateurs.
Moyens considérables
L’afflux de personnes, accompagné d’une recrudescence des affrontements, pose une difficulté supplémentaire aux forces de l’ordre. « Le problème, ce n’est pas le nombre mais l’imbrication entre des gens plutôt sympathiques et 700 à 800 opportunistes qui sont là pour le “fight” », résume prosaïquement le cadre de la Place Beauvau. La possibilité d’empêcher l’accès à la zone a été étudiée, mais aussitôt écartée. Elle est juridiquement intenable et matériellement impossible. « La ZAD est tellement vaste qu’elle est forcément poreuse », constate Frédéric Le Louette, président de Gend XXI, une association professionnelle de gendarmes. L’objectif est alors d’empêcher que des opposants ne rejoignent les parcelles évacuées la semaine précédente pour y entreprendre des reconstructions.
Les moyens engagés sont considérables : depuis le 9 avril, quelque 10 000 grenades lacrymogènes ont été employées, auxquelles s’ajoutent plusieurs centaines de grenades lacrymogènes assourdissantes, ainsi que des grenades de désencerclement. Les militaires ont aussi eu recours à des lanceurs de balles de défense. « Il n’y a pas eu de dérapage, la réponse a été proportionnée », assure un cadre de la gendarmerie. Il y aurait plus de 270 blessés parmi les défenseurs de la ZAD, selon leur équipe médicale, qui a saisi le Défenseur des droits. La gendarmerie dénombre de son côté 80 blessés, dont plus du tiers a subi des traumatismes sonores. Au total, moins de trente interpellations ont débouché sur des gardes à vue. « Cette phase a été plutôt bien gérée, sachant qu’il fallait faire preuve de retenue », considère pour sa part Frédéric Le Louette.
La gendarmerie continue de mener aujourd’hui un « contrôle de zone » dans le but d’empêcher toute tentative de reconstruction. Le nombre de gendarmes sur place devrait descendre en dessous de 1 000. Jusqu’à ce que les expulsions reprennent.